La
maternité représente le noyau de production de tout élevage.
A cet égard, elle doit faire l’objet de précautions et de
surveillance particulières car elle héberge les chiens les plus
fragiles. Elle doit donc être conçue en respectant plusieurs objectifs
:
•
l’isolement de la mère et de sa portée (une chienne qui accouche et
qui est
dérangée ou stressée peut avoir des problèmes) ;
•
la protection des chiots avant qu’ils ne soient capables d’assurer
par eux-mêmes
leur homéostasie (régulation autonome de la température du corps, de
son hydratation, de sa glycémie, de son immunité…), par une
adaptation des paramètres d’ambiance à leur développement ;
•
la surveillance régulière à distance du bon déroulement des événements
à risques
(mise bas, délivrance complète, tétée, pathologie des premières
semaines…) ; l'éleveur devra être confortablement installé pour
assister la mise bas dans le calme et sans précipitation excessive («
l'art de l'accoucheur est de savoir attendre »).
•
enfin, l’adaptation des stimuli au développement sensoriel et
exploratoire des
chiots.
La
maternité permettra ainsi d’héberger pendant environ un mois une
chienne et sa portée, tout en permettant à la mère de s’ébattre
dans une courette adjacente.
Une fois la période critique passée, les chiots pourront être transférés
avec leur mère dans un local de post maternité (pré-sevrage) : en effet,
au-delà
de la 4e semaine, la mère ne nettoie plus aussi bien ses chiots,
ceux-ci commencent à devenir autonomes et leurs ébats pourraient gêner
les nouveau-nés d'autres chiennes.
Les zootechniciens ont pu établir des normes idéales dans les élevages
canins sans devenir des contraintes, elles doivent
constituer un but à approcher par tout éleveur.
Le
nid de mise bas
Le
coeur de la maternité est constitué par le nid de mise bas, dans
lequel les chiots sont maintenus jusqu’à leur autonomie. Ce nid sera
adapté à la taille de la chienne
(à titre d’exemple, pour une chienne de 15 kg, il est conseillé
d’utiliser une caisse de 1 m2) et visera à :
•
favoriser le regroupement de la portée (imprégnation, apprentissage, régulation
thermique)
•
permettre à la mère de s’extraire facilement entre les tétées et
de s’étendre sans
risquer d’écraser les chiots (en particulier, il pourra être muni de
barres antiécrasement pour les races de grand format) ;
•
maintenir un gradient de température au sein duquel mère et chiots
pourront
trouver les conditions de confort qui conviennent (il ne devra surtout
pas représenter un volume à chauffer trop important) ;
•
être facilement lavable et désinfectable (il sera constituée d'un matériau
non
poreux, et l’on évitera le bois brut, non traité.
La
maîtrise de l’ambiance
La
conception et l’entretien de la maternité doivent permettre de parer
rapidement aux risques les plus fréquents, comme l’hypothermie, la déshydratation
et l’hypoglycémie, sans oublier les risques sanitaires.
La
température de la maternité sera suffisamment élevée, de façon à
protéger la thermorégulation du chiot ; au moment de la mise bas, l'idéal
semble être 32 à 35°C
au niveau des chiots (la chaleur ayant tendance à monter, la
température devra toujours être mesurée au niveau des chiots), pour
être ramené aux environs de 21°C la quatrième semaine.
L’utilisation
de lampes à infrarouges, disposées à 70 cm du sol, semble souvent
appréciée. Il faudra cependant ménager une place en dehors du nid
pour que la chienne, qui supporte mal une température toujours élevée,
puisse aller se « rafraîchir » de temps en temps ; la lampe à
infrarouge peut également être branchée sur un minuteur, qui ne
l'allumera que par intermittence.
Ces
lampes desséchant l'atmosphère, il faudra penser à humidifier l'air
ambiant (des casseroles d'eau dans la pièce seront souvent
suffisantes). D'autres systèmes de chauffage peuvent être également
utilisés : bouillottes (à changer souvent), tapis électriques
chauffants (souvent chers et fragiles), radiateurs (dangereux si placés
trop près des chiots).
Les
murs de la maternité seront isolés à l’aide de panneaux contenant
du polystyrène, de la laine de verre, ou de la mousse de polyuréthanne
; on pourra également utiliser des feuilles thermoréflectives (Trisoreflex®).
L'hygrométrie
moyenne devra être comprise entre 55 et 65 %
: en dessous de 45 %, le dessèchement est trop grand ; au-dessus de 80
%, on risque des pullulations microbiennes.
La ventilation devra assurer un renouvellement suffisant de l'air et
chasser les microbes et les odeurs. Une ventilation statique (entrée de
l'air en bas des murs, perpendiculaire aux vents dominants, avec sortie
de l'air en hauteur) suffit pour les petites unités. Dans les grands élevages,
il faudra utiliser des extracteurs (ventilation dynamique). Une
attention toute particulière sera néanmoins portée aux courants d'air
(test de la bougie ou de la fumée).
Lorsque
les chiots commencent à sortir du nid,
la nature du sol devient importante. Celui-ci devra être facilement
nettoyable et permettre aux chiots de ne pas glisser. Le béton lissé
et nervuré, ou recouvert d'une résine en caoutchouc (comme cela ce
fait en élevage porcin) est idéal, mais il ne faut pas négliger le
confort. Une légère pente (4 à 5 %) permettra d'éliminer facilement
l'urine et d'éviter que les chiots soient mouillés en permanence. Une
litière devra être rajoutée sur le sol ; le carrelage nu est à
déconseiller car il est froid et glissant. La paille et la
sciure de bois peuvent véhiculer les parasites et favorisent la
pullulation microbienne : ils sont donc à éviter. Le papier journal
constitue un excellent isolant, à condition d'être changé souvent.
Les lames de bois que l'on trouve dans les cageots à légumes, peuvent
faire l'affaire, ainsi que des couvertures lavables.
Le
matériel annexe, la pharmacie
En
plus de l'aire de maternité proprement dite, tout un matériel annexe
devra exister dans la nurserie. Ainsi, il sera utile d'avoir un lit, un
lavabo, ainsi qu’une table de soins pour les chiots (type table à
langer).
La pharmacie de la maternité sera équipée de matériel et de produits
choisis en accord avec le vétérinaire. La « trousse de mise bas »
comprendra généralement un laxatif ou un purgatif que l’on peut
administrer à la mère en pre-partum en cas de constipation, un
lubrifiant (Vaseline®), un antiseptique (Vétédine®
solution), une poire à lavement, un stimulant respiratoire, des
serviettes en coton… Elle peut être complétée du petit matériel et
des médicaments que le vétérinaire de l’élevage pourrait souhaiter
trouver sur place (pinces clamp, paires de ciseaux, compresses et gants
stériles, seringues, aiguilles, perfuseurs, solutés divers,
antibiotiques, … ).
Tout le matériel destiné à être utilisé avant, pendant et après la
mise bas, rangé
en un même lieu et de ce fait facilement accessible, sera maintenu en
état de parfaite propreté, et son usage exclusivement réservé au
local de maternité au sein de l’élevage.
Les
mesures sanitaires et médicales
Plusieurs
grands principes d’hygiène doivent absolument être respectés en élevage
canin afin d’éviter au maximum la survenue de pathologies de groupe.
Les principaux sont l’isolement de l’élevage par la mise en place
d’une quarantaine et la stricte réglementation des entrées des
visiteurs, l’organisation du travail selon la marche en avant, le
nettoyage et la désinfection régulière.
Pour
la maternité, comme ailleurs, il s’agit donc de respecter un minimum
de règles d’hygiène, dans la mesure où un petit relâchement ou de
légères erreurs faites sans y réfléchir peuvent compromettre la santé
de tous les chiots. On voit en effet trop souvent des éleveurs qui
croient bien faire et qui ont des problèmes qui peuvent être
facilement résolus. Ainsi, par exemple, il ne faut pas oublier
que la plupart des désinfectants sont inefficaces lorsque les locaux
sont sales et qu’il reste des débris organiques au sol (il ne faut
donc pas confondre nettoyage et désinfection).
Les
premiers outils indispensables seront des brosses, des seaux, parfois un
« Karcher », … et dans tous les cas, de l’huile de coude. Le
nettoyage devra respecter le principe de la marche en avant, c’est-à-dire
qu’il faudra toujours commencer par les zones les plus sensibles et
devant être les moins souillées par le reste de l’élevage, et ne
jamais revenir en arrière. L’ordre idéal sera le ramassage de la
litière, le lavage et le rinçage des box, accompagné d’un brossage
énergique et d’un raclage, tout en préservant les chiots d’un excès
d’humidité.
Les Affections du Nouveau né
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