Lorsque
la concentration des chiens est importante
ou que les installations sont mal adaptées, un certain nombre
d’affections peuvent entraîner une morbidité ou une mortalité néonatale
importante. Dans les cas les plus graves, cette pathologie peut entraîner
la faillite de l’établissement. Les germes non spécifiques dont nous
avons vu les effets peuvent également réaliser une véritable endémie
et développer un microbisme d’élevage important ; d’autres agents
sont responsables d’une pathologie néonatale spécifique.
Herpes
virus
Le
virus de l’herpès est responsable d’avortements occasionnels, mais
surtout de mortalité chez le chiot. Il est rencontré de plus en plus
fréquemment en élevage, et il provoque des pertes économiques non négligeables.
Selon les auteurs, 48 à 74 % des élevages souffrant de troubles de la
reproduction présentent des sérologies positives.
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Inapparente chez l’adulte
Les
manifestations cliniques de l’herpès virose sont généralement très
discrètes chez l’adulte. De petits nodules de 2 à 3 mm de diamètre
sont observables sur la muqueuse du pénis et du vagin. Ces nodules sont
le siège d’une multiplication active du virus ; les risques de
contamination lors de la saillie sont importants. L’herpès présente
également une affinité particulière pour les premières voies de
l’appareil respiratoire, provoquant une rhino-pharyngite, ou
intervenant parfois dans le développement secondaire d’une toux de
chenil.
Cette infection génitale ou respiratoire se caractérise par un
portage permanent. L’animal infecté ne présente plus de symptômes,
mais continue à diffuser le virus, et peut ainsi contaminer les sujets
d’un autre élevage.
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Fulgurante chez le chiot
L’atteinte
des fœtus pendant la gestation avec momification et avortement peut être
observée mais, en règle générale, l’herpès canin provoque de la
mortalité sur les tout jeunes chiots, âgés de moins de 15 jours (5 à
9 jours surtout).
La contamination se fait lors de l’accouchement, par le nez, les yeux
ou la bouche. Toutes les sécrétions sont très riches en virus
(larmes, urines, selles, expectorations). L’incubation est courte (4
à 6 jours au plus). La chienne reste en bonne santé et poursuit une
lactation normale.
L’atteinte
du chiot est de type septicémique,
avec des symptômes assez évocateurs (anorexie, dépression et désintérêt
pour la mère, selles molles gris jaunâtre plus ou moins liquides,
plaintes douloureuses et continuelles, mouvement de pédalage,
opisthotonos…) ou au contraire très frustes (mort subite). La plupart
des chiots meurent en 24 à 48 heures ; certains en réchappent,
devenant alors souvent porteurs chroniques.
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Contrôle de l’infection herpétique
Il
n’existe pas de traitement efficace de l’herpès virose ;
l’infection devrait être considérée comme une infection à vie.
Cependant, bien que l’éradication de l’herpès virose d’un élevage
semble actuellement impossible, la prévention constitue une étape clé
du problème. Il faudra d’abord prendre la précaution d'isoler une
femelle qui aurait été introduite dans un élevage au cours de sa
gestation : le stress que représente cette nouvelle arrivée pour les
autres chiens de l'élevage suffit en effet à produire un « réveil
viral » et une multiplication de l’herpes virus.
Les
contrôles sérologiques peuvent également conduire à des mesures
simples : éviter d’utiliser un animal pour la reproduction
lorsqu’il est positif ; éviter d’introduire dans l’élevage un
individu positif. Malheureusement, la séropositivité d’un chien ou
d’une chienne, même infectés, n’est généralement que de courte
durée. C’est la raison pour laquelle, en l’état actuel, l’examen
sérologique réalisé en dehors d’un contexte clinique n’a que peu
d’intérêt. Le testage sérologique systématique des mâles avant
saillie est peu utile. La sérologie permet avant tout d’apprécier la
circulation du virus au sein de l’élevage : en d’autres termes, trouver
un chien ou chienne séro-négatifs ne signifie pas qu’ils ne soient
pas infectés par l’herpès virus.
Notons
toutefois que la mise en évidence du matériel génétique du virus par
PCR représente désormais une méthode de choix pour le diagnostic de
l’herpes virose et une simplification évidente pour le praticien. Le
recours à cette technique sera envisagé dès lors que l’on souhaite
obtenir la confirmation de la circulation du virus chez un individu.
Différentes
mesures préventives sont également utiles lors de contamination :
•
réchauffer les chiots en les maintenant dans une ambiance de 31 à 33°C
(la température rectale doit être supérieure à 37°C afin de limiter
la réplication virale qui est maximale entre 35 et 36°C ; on peut même
placer les chiots pendant trois heures à une température de 37°C ) ;
•
la sérothérapie peut éventuellement être envisagée avant
l’apparition des symptômes ;
•
des essais expérimentaux de traitements ont également eu lieu avec de
l’Acyclovir® ou des adjuvants de l’immunité, sans qu’on puisse déterminer
réellement leur efficacité.
Même
si toutes ces mesures palliatives ne serviront dans un premier temps
qu’à « limiter les dégâts », c’est-à-dire la mortalité des
chiots, elles s’avèrent particulièrement efficaces à long terme. En
effet, si une femelle est contaminée lors d’une première gestation,
elle pourra transmettre une quantité importante de virus à sa portée
; cette même chienne pourra néanmoins transmettre à ses portées ultérieures
des anticorps protecteurs qui les rendront moins vulnérables : c’est
sur ce principe le vaccin Heurican® Herpes 205 est commercialisé
depuis quelques années.
Maladie
de Carré, Hépatite de Rubarth
Le
virus de Rubarth (CAV1) est connu depuis 1951 comme agent responsable de
mortalité néonatale. Il peut entraîner une mort subite dont seul le
laboratoire est susceptible de préciser l’étiologie (et encore, dans
des conditions difficiles, puisque le virus doit être isolé après
culture sur reins de chiens). Une forme plus lente, caractérisée par
un dépérissement et l’installation d’un coma, a été décrite
mais demeure particulièrement rare.
La
forme congénitale de la maladie de Carré peut être observée lorsque
l’infection d’une femelle a lieu pendant la gestation : s’il n’y
a pas avortement, le chiot né infecté meurt en quelques heures dans un
syndrome convulsif qui n’a rien de pathognomonique. Cette
symptomatologie foudroyante diffère de celle que l’on observe sur des
chiots sevrés et laisse à penser que l’importance de cette virose en
pathologie néonatale est vraisemblablement sous-estimée.
Néanmoins,
la vaccination systématique des reproducteurs avant la période
de gestation limite considérablement l’incidence de ces affections
dans les élevages sérieux, et l’on ne les observe plus que
lorsque les mères sont complètement démunies d'anticorps ou que la
production de colostrum est trop faible (rappelons à ce propos que le
colostrum peut parfaitement se congeler en prévision justement de ce
genre d'accident).
Il
convient cependant de rester prudent durant la « période critique »,
cette fameuse période pendant laquelle le taux d'anticorps d'origine
maternelle chez le chiot est insuffisant pour le protéger, mais trop élevé
pour que la vaccination puisse être opérante.
Gastro
entérites multi factorielles
Apparue
en France en 1979 sous forme épizootique, la parvovirose a décimé
nombre d’élevages canins avant que la vaccination ne permette
d’endiguer ses ravages. Bien qu’elle frappe essentiellement les
chiots pendant la période de sevrage (de 6 à 12 semaines) sous la
forme d’une gastro-entérite hémorragique avec diarrhée,
vomissements, léthargie et déshydratation intense, elle peut se
traduire, chez le nouveau-né, par une infection généralisée d’évolution
foudroyante. Aujourd’hui
encore,
la parvovirose reste fréquente en élevage canin : elle est due au
grand pouvoir de résistance dans le milieu extérieur du parvovirus,
ainsi à l’émergence de nouvelles souches, pour lesquelles
l’efficacité
des vaccins semble atténuée.
La mortalité liée au parvovirus est également augmentée par la présence
d’un parasitisme intestinal (ascaridiose, giardiose, coccidiose),
ainsi que l’association des coronavirus et des rotavirus. Il devient
alors difficile, voire impossible, d’incriminer un agent spécifique.
Même si la réalisation d’un traitement symptomatique permet de
limiter la mortalité, il convient avant tout de repenser l’ensemble
des installations et leur entretien : surpopulation, mauvaise hygiène,
chaleur, froid, humidité, ventilation défectueuse sont systématiquement
à
l’origine de ces complications du microbisme d’élevage.
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