LA
VALLEE DES CATTLEYAS |
|
La
Consanguinité
Le Meilleur et le Pire
par le Pr Françoise Grain
Avec l'aimable autorisation de la Société
Francophone de Cynotechnie (SFC)
Reproduction interdite sans l'accord de l'association
Faire
ou ne pas faire de la consanguinité.
§ Il est certain qu'un éleveur désirant obtenir une souche d'excellents
chiens avec des
caractéristiques précises et une uniformité de
descendance est obligé d'utiliser un certain degré de consanguinité car la sélection seule ne peut pas atteindre ce but. La
consanguinité lui permettra de fixer
les bons allèles retenus lors de la sélection préalable. Il est
essentiel de ne faire de la consanguinité
qu'à partir de sujets jugés comme excellents et de bannir les sujets
moyens ou porteurs de graves défauts. La consanguinité utilisée
sur des sujets médiocres ne peut pas conduire à l'obtention de
champions mais seulement à de la médiocrité car elle ne sera pas créatrice
de bons allèles.
§
Quelle intensité de consanguinité utiliser ?
Il
ne faut pas confondre consanguinité large et étroite. Il est souvent
préférable d'entretenir des
animaux
en line breeding pendant une longue période : cette méthode permet
d'homogénéiser au
mieux
les caractères en laissant le temps à l'éleveur d'éliminer les
sujets indésirables. Ainsi, un
équilibre
doit être trouvé. au travers de la vitesse d'augmentation de l'homozygotie.
afin de privilégier
à
chaque génération les bons allèles et d'éliminer les mauvais avant
leur fixation.
La consanguinité étroite ne doit
être utilisée que de manière transitoire entre géniteurs
remarquables même dans ces conditions, il est impossible de prévoir si
le résultat sera un succès ou un échec. Les
risques seront cependant minimisés
si, dans la famille considérée, la robustesse et la fertilité sont
normales, s'il n'y a pas d'allèles
létaux ou délétères connus. Même si quelques chiens possédant plus
de
50% de taux de consanguinité se portent bien, au contraire
d'autres avec moins de 20% présentent déjà
des problèmes. c'est pourquoi la résistance, l'aptitude à la reproduction
et la salubrité génétique sont à surveiller impérativement.
En
conséquence, à la place d'une consanguinité étroite entraînant une
fixation rapide des caractères, il
est
souvent judicieux de préférer une consanguinité moins intense
laissant la possibilité de poursuivre
la
sélection contre les allèles indésirables et éviter leur propre
fixation à l'état homozygote. Mieux vaut
la
sécurité que la rapidité.
§
L'éleveur
peut avoir un autre objectif : celui de reproduire les caractéristiques
d'un individu remarquable sans se soucier de leur fixation. Le but est
de commercialiser des chiots de qualité sans chercher à ce qu'ils
transmettent ensuite eux-mêmes ces caractères. Dans ce cas, l'éleveur
accouplera, avec des sujets d'autres
origines, un individu doté d'excellentes qualités fixées par
consanguinité qui seront transmises à sa descendance, bénéficiant
en plus de l'effet d'hétérosis. Cependant ces
descendants
plus fortement hétérozygotes donneront une grande variabilité des résultats
dans leur
propre
descendance.
La consanguinité permet de fixer les qualités, d'éliminer
les défauts, elle ne permet pas de rectifier
des erreurs de choix ou de dépasser les qualités des
premiers géniteurs. Ainsi. on peut se trouver
confronter
à plusieurs situations critiques dans un élevage :
- soit tous les bons allèles
existant dans le patrimoine génétique de départ sont fixés et l'on
ne progresse plus. on dit que l'on a atteint un plateau de sélection;
- soit l'éleveur pense avoir atteint
un trop fort [aux de consanguinité:
- soit la sélection n'a pas été
très judicieuse, il y a eu des erreurs et des allèles importants ont
été
perdus ;
- soit la dépression de consanguinité
devient trop importante dans une lignée.
Il est nécessaire dans ces différents
cas de faire entrer du « sang » extérieur c'est-à-dire
de nouveaux
allèles en ayant recours à une
autre lignée du même élevage ou à un étalon extérieur. Le
croisement
entre
individus présentant de la dépression de consanguinité et le sujet
extérieur donnera généralement
Cependant, il faudra être tout
particulièrement vigilant lors du choix de cet étalon : le mâle reste
l'individu
le plus important à cause de sa nombreuse descendance. Celui-ci devra
posséder toutes les qualités déjà
fixées par l'éleveur dans sa lignée et si l'on recherche
en plus un étalon qui vienne corriger
le défaut fixé par erreur, ce géniteur devra être excellent pour le
critère correspondant. Enfin il faut veiller à ne pas
introduire de défauts voire d'anomalies, il est indispensable de se
renseigner sur les parents, les
collatéraux et d'éventuels descendants. En théorie il faudrait dans
un premier temps tester cet étalon
en l'accouplant avec une ou deux lices de l'élevage et étudier les
descendances avant de l'utiliser de
façon
plus intensive.
En résumé : la consanguinité étroite sera utilisée avec beaucoup de
précautions et de manière
transitoire
et seulement à partir de sujets d'exception. Au sein de l’élevage
des phases plus ou moins longues de
consanguinité peuvent être interrompues par l'introduction de nouveaux
allèles provenant de sujets extérieurs afin de bénéficier
d'une variabilité génétique indispensable à la sélection et à tout
nouveau progrès génétique. La consanguinité ne doit pas concerner
une race dans son ensemble, il faut conserver
plusieurs élevages travaillant parallèlement en consanguinité
permettant d'avoir recours à des croisements de lignées.
|
Droits d'auteurs et Copyrights Toutes les images, photos, vidéos et textes sur ce site sont protégés par copyright. La reproduction et l'exploitation de ces images, photos, vidéos et textes sont strictement interdites sans accord écrit au préalable |
Suite Retour Retour Accueil Plan du site |