L’ectopie
testiculaire
est une anomalie de position d’un ou des deux testicules, qui
devraient se situer en région scrotale chez le chien dès l’âge de
10 semaines (période maximale de migration possible). L’incidence
de cette affection est particulièrement élevée chez le chien :
environ 10 % des individus.
Différents types d’ectopie sont distingués selon la position
définitive de la gonade :
-
l’ectopie abdominales ou cryptorchidie : le testicule est en position
intra-abdominale.
-
l’ectopie inguinale : le testicule se situe au niveau de l’anneau
inguinal.
-
l’ectopie inguino-scrotale : le testicule est en position
sous-cutanée entre l’anneau inguinal et le scrotum.
L’ectopie
testiculaire est un vice rédhibitoire pour les animaux de plus de six
mois.
Les
races ayant le risque le plus élevé sont :
Caniche Toy, Loulou de Poméranie, Yorkshire, Teckel miniature, Cairn
Terrier, Chihuahua, Bichon Maltais, Boxer, Pékinois, Bulldog, Caniche
miniature, Schnauzer miniature, Berger des Shetland, Husky Sibérien et
le Caniche standard.
Les
races pour lesquelles le risque est le moins élevé sont :
Beagle, Labrador, Golden Retriever, Saint Bernard, Dogue Allemand et
le Setter Anglais.
Le
risque est intermédiaire pour les autres races comme :
Berger Allemand, Pinscher, Braque
Allemand, Pointer, Cocker Anglais, Shih Tzu, Cavalier King Charles,
Epagneul Japonais, Samoyède.
Déterminisme
génétique :
L’hérédité de l’ectopie testiculaire est admise par la plupart
des spécialistes mais le mode de transmission est incertain. Il serait
de type autosomique récessif pour certains auteurs (moins probable) ou
plutôt polygénique (intervention de plusieurs gènes à pénétrance
incomplète) d’après une étude faite par WARWICK en 1961 sur des
chèvres (étude faite sur plus de 40 ans).
Bien
que l’origine génétique soit la plus probable, la cryptorchidie peut
également être la conséquence de phénomènes mécaniques :
insuffisance d’androgènes élaborés par la gonade fœtale,
disproportion relative entre la gonade et l’anneau inguinal, longueur
insuffisante du cordon testiculaire.
Etude
clinique :
-
Expression clinique : L’un ou les deux testicules ne sont pas en
position scrotale à l’âge de 10 semaines. Statistiquement, le
testicule droit semble le plus souvent atteint.
La vie du chien n’est pas en danger, mais il y a des
conséquences cliniques :
-
une atteinte de la fonction exocrine : la position ectopique entraîne
une hyperthermie relative, localisée au testicule et à l’origine de
la dégénérescence des cellules germinales. Il y a donc une
disparition de la spermatogenèse pour le testicule ectopique et lors d’atteinte
bilatérale, le chien est stérile. La fonction endocrine (élaboration
des stéroïdes sexuels) persiste.
-
un risque de tumorisation: le développement d’une tumeur est environ
dix fois plus fréquent sur un testicule ectopique que sur celui en
position scrotale. L’élévation de température en serait l’origine.
Les types histologiques sont surtout des sertolinomes et des séminomes.
L’évolution tumorale survient en général à partir de 6 ans. Le
développement d’une tumeur testiculaire intra-abdominale est le plus
souvent insidieuse et les symptômes apparaissent tardivement : masse
volumineuse en position intra-abdominale accompagnée de troubles
digestifs et urinaires. Lorsque le testicule est en position inguinale,
son augmentation de taille peut induire une douleur locale ainsi qu’une
gêne locomotrice. Lors de sertolinome, un syndrome de féminisation est
souvent présent : alopécie bilatérale symétrique, gynécomastie,
fourreau développé, diminution de la libido et attirance sexuelle des
autres mâles.
des
anomalies telles que la dysplasie de la hanche, la luxation de la
rotule, les anomalies du pénis et du prépuce et la hernie ombilicale
sont plus fréquemment rencontrées chez les individus cryptorchides.
-
Le
diagnostic n’est réalisé qu’après l’âge de 10 semaines.
Il est facile puisqu’il repose sur l’inspection et la palpation :
les testicules ne sont pas en position scrotale. La palpation se fait
sur animal debout, puis couché sur le dos.
Lors de monorchidie (un seul testicule est en place), la latéralisation
du testicule ectopique se fait en remontant le testicule en place en
région inguinale.
La position du testicule ectopique est parfois difficile à préciser :
En position inguino-scrotale, le testicule est palpable sous la peau.
Mais en position inguinale, la gonade est parfois difficile à
différencier de l’amas graisseux développé près de l’anneau
inguinal. Le recours à l’échographie permet de confirmer ou non sa
présence.
En position abdominale, la localisation exacte du testicule est
impossible cliniquement et la recherche échographique est illusoire.
-
Pronostic : Trois aspects sont à prendre en compte : la fonction de
reproduction est atteinte et l’animal est stérile en cas d’ectopie
bilatérale.
Lors
de tumorisation, le pronostic est fonction de la taille de la tumeur au
moment du diagnostic, les sertolinomes et les séminomes métastasent
peu (moins de 10 % des cas).
En
France, la « monorchidie-cryptorchidie » est un point de
non-confirmation. Le chien doit en effet avoir ses deux testicules en
position scrotale pour être inscrit au Livre des Origines Françaises
(LOF).
Diagnostic
différentiel :
Anorchidie (absence totale des deux testicules), chien castré.
Prophylaxie : Etant donné le caractère fortement héréditaire de l’affection,
l’élimination de la reproduction de tous les sujets porteurs de la
tare doit être systématique. Le mieux serait d’éliminer également
les parents et les frères et soeurs. De plus, pour diminuer le risque
de tumorisation de testicule ectopique, une cryptorchidectomie chez l’adulte
jeune est nécessaire. Bibliographie : 41, 99, 165, 190, 206, 248, 254,
262, 272, 317
Je remercie
Karen Charlet, auteur d'une thèse rédigée en 2004 de m'avoir
autorisé à publier cet extrait.
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