DYSTOCIE
Le terme de dystocie regroupe l’ensemble des difficultés qui peuvent
survenir lors de la mise bas et en gêner ou en empêcher le déroulement
normal.
Il existe deux modes de dystocies : les dystocies par obstruction et
les dystocies par défaut fonctionnel d’expulsion.
Les causes d’obstruction
sont d’origine maternelle (le plus souvent) : étroitesse du bassin, vulve
« barrée » (persistance de l’hymen), dilatation insuffisante des tissus
mous, torsion ou rupture utérine ; ou d’origine foetale : excès de volume
du nouveau-né, tête trop globuleuse, portée de petite taille, malposition
du chiot (présentation transverse le plus souvent).
Lors de dystocie par
défaut fonctionnel, l’atonie utérine est la cause la plus fréquente. Les
contractions utérines sont insuffisantes pour expulser les chiots alors que
ceux-ci sont de taille normale et que les voies génitales sont correctement
dilatées.
Les brachycéphales sont de loin les plus sensibles aux dystocies
et 5 facteurs de risques peuvent l’expliquer : chiot à tête volumineuse,
conformation du bassin maternel (aplatissement dorso-ventral), abdomen «
plongeant » et faiblesse de la musculature abdominale, atonie utérine
fréquente et difficultés respiratoires qui gênent les contractions de la
parturiente et l’épuisent (par hypoxie).
Races concernées : Certaines
races sont prédisposées à l’atonie utérine : les chiennes de petit
format comme le Yorkshire, le Caniche nain, le Scottish, le Teckel et les
petits lévriers ; les grandes races comme le Mastiff, le Montagne des
Pyrénées et le Dogue Allemand.
Les dystocies provoquées par des chiots à
tête globuleuse se retrouvent surtout chez le Bouledogue Français et le
Bulldog, le Scottish, le Chihuahua et le Loulou de Poméranie.
L’étroitesse
du bassin se retrouve chez le Boston Terrier et la malformation
vulvo-vestibulaire chez le Berger Allemand, le Beauceron, le Bouvier Bernois
et le Colley. D’autres races sont citées pour la dystocie : le Chow-chow,
le Labrador, le Golden retriever, le Papillon, le Cavalier King Charles, le
West Highland White Terrier, le Cocker, le Schnauzer, le Bull Terrier, le
Samoyède, le Boxer et le Tervueren.
Déterminisme génétique : Il s’agit d’avantage
de prédisposition génétique que de l’intervention de gènes spécifiques.
Les chiennes primipares âgées, les chiennes obèses et nerveuses sont plus
facilement touchées par la dystocie.
Expression clinique :
Après 70 jours suivant la saillie, si la mise bas n’a pas eu lieu, il faut
la déclencher. Il faut vérifier au préalable que la chienne est à terme.
Normalement, la totalité des chiots est expulsée en moins de 4 à 8 heures,
la durée d’expulsion d’un chiot varie de quelques minutes à une heure et
demi et le délai moyen entre l’expulsion de deux chiots est de 20 à 30
minutes.
Dans le cas contraire, une hypothèse de dystocie doit être
envisagée. Après les prodromes habituels de la parturition ( chienne
nerveuse et agitée, montée de lait, chute de la température rectale, pertes
vulvaires verdâtres), deux cas sont possibles lors de dystocie :
- Soit des
efforts violents n’aboutissent pas à l’expulsion d’un chiot après 20
à 30 minutes. Il s’agit alors de dystocie par obstruction. La chienne s’épuise
et une atonie utérine secondaire s’installe
- Soit les contractions sont
très faibles et improductives ou nulles. Il s’agit de dystocie par défaut
fonctionnel (atonie utérine).
Lors de métrite post-partum suite à la
dystocie, les symptômes sont graves : adynamie, hyperthermie puis
installation d’un état de toxémie avec déshydratation et hypothermie,
écoulements vulvaires putrides et couleur lie de vin
Diagnostic : Les
commémoratifs sont importants pour orienter le diagnostic : âge de la
chienne, primipare ou multipare, déroulement des précédentes mises bas,
format du mâle, race.
Si aucun chiot n’a été expulsé, il faut au
préalable vérifier que la chienne est à terme par un dosage de la
progestéronémie (il doit être inférieur à 6 nmol/L).
Il ne faut pas
déclencher une mise bas par injection d’ocytocine si la chienne n’est pas
à terme. Si les prodromes ont commencé et/ou que des chiots ont déjà été
expulsés, il faut connaître la chronologie des prodromes, le temps écoulé
depuis la chute de température, la nature des efforts expulsifs et le nombre
de chiots déjà sortis. Il faut vérifier si un chiot est engagé dans la
filière pelvienne par toucher rectal ou palpation abdominale.
La palpation
permet également de voir s’il reste des chiots et si une atonie utérine
est présente. La souffrance foetale est estimée en mesurant leur fréquence
cardiaque par échographie ou à l’aide d’un stéthoscope : il y a
souffrance lorsque le fréquence cardiaque est inférieure à 90-120 bpm. La
radiographie permet de vérifier le nombre de chiots présents, l’intégrité
du bassin et le volume et la position des chiots.
Pronostic : La conséquence de la dystocie pour le chiot
est l’altération importante de son pronostic vital. En effet, il y a
désengrènement placentaire, hypoxie puis mort des foetus. Le taux de survie
des nouveau-nés dépend de la rapidité d’intervention du vétérinaire
(césarienne, épiphysiotomie, ocytocine,…).
Une métrite post-partum peut survenir chez la chienne et
le pronostic est réservé.
Diagnostic différentiel : Chienne non à terme, fatigue
due à une atteinte de l’état général.
Prophylaxie : Les femelles ayant présentées des
difficultés lors de la mise bas sont susceptibles de développer les mêmes
problèmes lors des gestations suivantes. Il est par conséquent conseillé d’écarter
de la reproduction de telles reproductrices ou de suivre attentivement les
futures mises-bas (si le potentiel génétique est intéressant).
La facilité qu’à une chienne pour accoucher devrait être pris comme
critère de sélection car il s’agit d’un caractère héritable et cela
permettrait de diminuer le nombre de lignées à problèmes.
Je remercie
Karen Charlet, auteur d'une thèse rédigée en 2004 de m'avoir
autorisé à publier cet extrait.
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