L’évaluation de l’efficacité d’un programme de
sélection passe par
l’estimation systématique de la qualité des produits
obtenus.
Cette estimation doit se faire sur le plus grand nombre
possible
de sujets, afin qu’elle soit suffisamment
représentative. Enfin, si
les résultats obtenus ne correspondent pas à ceux que
l’éleveur
pouvait envisager, et en particulier lorsqu’ils s’opposent
aux
objectifs qu’il s’était donnés, il convient d’ajuster
ou d’interrompre
le travail ainsi entrepris.
Consanguinité et pathologie héréditaire
L’utilisation de la consanguinité tend à augmenter l’homozygotie,
et favorise l’apparition des tares ou des caractères
défectueux
présents dans une famille à l’état récessif. L’éleveur
devra donc
toujours conserver pour la reproduction les individus
produisant
les chiens les plus sains, les mieux constitués, les
plus vigoureux
et les plus équilibrés et être impitoyables vis à
vis des autres.
C’est seulement à ce prix que la consanguinité peut
être
bénéfique dans l’éradication des tares génétiques
sans quoi, au
contraire, elle favoriserait la fixation d’allèles
indésirables.
En effet, un petit nombre d’éleveurs peu
consciencieux, utilisant cette méthode de sélection sans précaution, peuvent
rapidement déprécier la race. Ce sont généralement de tels
utilisateurs qui ont forgé la mauvaise réputation que connaît la
consanguinité. Bien utilisée, elle ne provoque pas
d’augmentation de
la fréquence des affections héréditaires ; au contraire,
elle permet de mieux les contrôler. Ainsi, un chien porteur d’une
tare, et par ailleurs de très grande qualité, pourrait être
utilisé comme reproducteur, à la seule condition d’être apparié
à une lice qui lui soit très proche génétiquement (une soeur, sa mère,
ou l’une de ses filles) ; par ce moyen, on augmente d’autant la
limite de détection des porteurs sains ; les chiots cliniquement
atteints devront être systématiquement écartés de la
reproduction.
Notion de dérive génétique
A chaque passage d’une génération à la suivante se
produit une
variation purement aléatoire, imprévisible, de la
fréquence de
chaque gène. En dehors de toute dépression de
consanguinité, cette variation est d’autant
plus grande
que l’effectif de la population est plus limité.
Ce processus de variation aléatoire se poursuit sans qu’une
force
quelconque se manifeste pour ramener la fréquence vers
sa valeur initiale. WRIGHT
a donné à cette évolution au
hasard des fréquences le nom de « dérive génétique ».
Du fait
de cette dérive, la fréquence d’un gène se modifie
légèrement à chaque génération, sans que les évolutions successives
soient liées. Si au cours de cette dérive la fréquence d’un
allèle devient très faible, la probabilité de n’en retrouver aucune copie
lors de la procréation de la génération suivante devient
importante et cet allèle risque de ne plus être représenté dans la
population.
Par le simple effet de la dérive, la fréquence d’un allèle
peut donc s’annuler : l’allèle perdu ne peut être
reconstitué (puisque par hypothèse il n’y a pas de mutations), la fréquence
est définitivement fixée à 0. En l’absence de
sélection et de migrations donc, toute population d’effectif limité
tend vers l’homogénéisation génétique. Les modifications irréversibles de certains paramètres
observées dans différentes races obéissent pour partie à un tel
processus.
Modifier le standard de la race pour qu’il corresponde
aux résultats obtenus, plutôt que de s’astreindre à
sélectionner des reproducteurs sur des critères qu’il devient
difficile d’obtenir, est une attitude particulièrement lourde de
conséquences
à long terme, qui ne permettra d’ailleurs jamais à ceux qui
en ont fait le choix d’améliorer la race…
Empirique ou scientifique, la sélection réclame d’obtenir
des
informations nombreuses et fiables. Lorsque l’on s’intéresse
à
l’élevage canin, la tâche devient particulièrement
délicate.
L’estimation de la supériorité génétique relative
d’un individu,
matérialisée par un index de sélection suppose une
identification
judicieuse des effets du milieu et la réalisation d’un
modèle
adapté. Bien que l’on dispose d’un tel outil, il n’en
demeure pas
moins que la nécessité d’une volonté commune de
toutes les
personnes concernées, représente désormais une étape
préliminaire indispensable à la réalisation de cette
tâche délicate,
mais essentielle.
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