KERATITE SUPERFICIELLE CHRONIQUE
ou Kératite pigmentaire du
Berger Allemand »,
« Syndrome d’Uberreiter », « pannus »
C’est une kératite immunologique
chronique, c’est-à-dire une inflammation de la cornée se caractérisant
par une réaction inflammatoire à dominante cellulaire (lymphoplasmocytaire),
par une perte de transparence locale ou totale, accompagnée de
néovascularisation ainsi que d’une pigmentation mélanique. Elle est
fréquente et se rencontre essentiellement chez le Berger Allemand et le
Berger Belge.
L’inflammation de la cornée commence le plus souvent au
limbe cornéen, dans l’angle temporal, sur les deux yeux (bien que l’évolution
soit souvent dissymétrique). Elle reste superficielle.
La kératite superficielle chronique peut être associée
à d’autres maladies oculaires : blépharite du canthus interne,
infiltration lymphoplasmocytaire de la 3ème paupière, KCS, mais
également à d’autres maladies auto-immunes : lupus discoïde ou lupus
érythémateux disséminé.
Races concernées :
Elle atteint essentiellement le
Berger Allemand, mais on la rencontre également chez : Berger Belge, Berger d’Ecosse,
Greyhound, Caniche, Airedale, Dalmatien, Pinscher nain, Teckel, Husky
Sibérien, Pointer, Springer, Border Collie, Colley, Berger des Shetland.
Déterminisme génétique : La kératite superficielle
chronique résulte de la conjonction de facteurs prédisposant raciaux (Berger
Allemand, Berger Belge), familiaux ou individuels (les chiens atteints ont
statistiquement plus fréquemment des anticorps antinucléaires) et de
facteurs déclenchant (tel que le rayonnement UV).
La transmission serait liée à des gènes autosomiques
dominants, à pénétrance incomplète.
Expression clinique : Les chiens atteints sont surtout de
jeunes adultes de 3 à 5 ans. L’animal est par ailleurs en bonne santé. On
distingue 3 stades évolutifs de l’affection :
- Stade 1 : inflammation subaiguë du secteur cornéen
temporal en région paralimbique. La cornée devient légèrement opaque à
cet endroit. La conjonctive est enflammée et envahie par des vaisseaux et des
pigments dans le secteur temporal.
- Stade 2 : infiltration beaucoup plus importante de la
cornée, développement d’un réseau vasculaire volumineux et apparition de
quelques tâches mélaniques.
- Stade 3 : atteinte de toute la couche superficielle de la
cornée qui est envahie par de la mélanine. La vascularisation diminue et
seuls quelques vaisseaux volumineux persistent. La mélanine persiste en
larges tâches noires qui gênent la vision.
Diagnostic : Les commémoratifs orientent le diagnostic :
jeune adulte de race prédisposée, en bonne santé.
Al’examen direct, on note une inflammation superficielle
de la cornée, bilatérale, avec une composante vasculaire, cellulaire et
pigmentaire. Les vaisseaux flexueux, volumineux, très dichotomisés,
envahissent la cornée à partir du limbe temporal. Une opacification
grisâtre est présente autour des vaisseaux et de petites tâches arrondies
grises dans la zone non vascularisée.
Le test à la fluorescéine est négatif en début d’évolution.
La lampe à fente montre un épithélium cornéen avec une
surface irrégulière.
Enfin l’histologie varie selon les stades de l’affection
:
- Stade 1 : prolifération de cellules épithéliales, gonflement des fibres
du stroma et arrondissement des noyaux des kératocytes. Il y a une
infiltration de plasmocytes et de lymphocytes dans le stroma superficiel et
quelquefois dans l’épithélium profond.
- Stade 2 : infiltration cellulaire plus marquée :
plasmocytes, mélanocytes, lymphocytes, histiocytes et fibroblastes. De
nombreux vaisseaux envahissent le stroma oedématié. Ces modifications
restent localisées au tiers supérieur du stroma. Au microscope
électronique, on note des coulées protéiques probablement constituées d’anticorps
entre les fibres de collagène du stroma.
- Stade 3 : dépôts importants de pigments, persistance de
vaisseaux très volumineux peu nombreux et épithélium très remanié.
Pronostic : Il est favorable chez un animal traité si la
thérapeutique est permanente. En revanche, sans traitement, le chien est le
plus souvent aveugle après un an d’évolution.
Diagnostic différentiel : OEdème cornéen, dystrophies et
dégénérescence cornéennes, autres causes de kératites superficielles ou
stromales : virales, ulcératives, parasites (Leishmaniose), purulente
(infection bactérienne), KCS, neurologique (paralysie nerf V ou VII),
traumatique, mécanique (distichiasis, trichiasis, entropion, cils
ectopiques), immunologique, allergique.
Prophylaxie : Il est conseillé de ne pas faire reproduire les animaux
atteints.
Je remercie
Karen Charlet, auteur d'une thèse rédigée en 2004 de m'avoir
autorisé à publier cet extrait.
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